samedi 5 septembre 2009

Cerveau & Psycho n°35: Michael Jackson

Dans ce nouveau numéro, je me suis livré à un exercice inhabituel: coller à l'actualité. Dostoievsky, Ravel, Chostakovitch ou Dracula c'est intéressant, mais il faut bien l'admettre, assez poussiereux. Donc je me suis lancé dans le truc dont tout le monde parle en ce moment: Michael Jackson. J'espère avoir fait quelque chose d'un peu différent du reste de la mêlée, même si je n'ai pas la prétention de me distinguer des vautours sanguinaires qui capitalisent sur la mort d'un homme, aussi célèbre et bizarre soit-il. Il se trouve que le bizarre, justement, c'est ce qui m'intéresse. Pour résumer mon article, je dirais que j'ai essayé de placer Michael Jackson sous deux spotlights à la fois: en amont, un regard purement clinique, en aval, une approche plutôt culturelle ou sociologique, ce qui n'est généralement pas ma tasse de thé. Mais mon argument est précisément que la carrière du chanteur s'est constituée autour de la mise en spectacle de sa propre étrangeté et insécurité identitaire. Très tôt, Michael Jackson a réfléchit et programmé une méthode pour captiver son public et entretenir l'intérêt des médias. J'avance, en suivant l'argumentation avancée par David Yuan dans le chapitre 26 de l'excellent livre Freakery!, que Michael Jackson est l'ultime "celebrity freak" (voir aussi cette thèse, qui n'était pas accessible au moment où je travaillais sur l'article). En ce sens, il est l'équivalent moderne des monstres de foire, et sa fascination pour P.T. Barnum et l'Elephant Man n'a rien d'une coincidence. Barnum voulait faire de son cirque "the greatest show on earth". Michael Jackson ne voulait pas se contenter de moins pour sa propre vie. D'où les maladroites rumeurs qu'il commença à fabriquer lui-même au milieu des années 80 (notamment son fameux caisson à oxygène). Freak et se revendiquant comme tel, Michael Jackson a pu mettre en scène, plutôt que de les soigner, ses perturbations psychologiques. Addiction à la chirurgie plastique, transformations physiques, spectre obsessionnel compulsif, sexualité refoulée, délire de persécution, consommation de substances... tout dans son comportement en fait un cas vraisemblablement unique dans les annales de la psychiatrie. Mais sa formidable fortune et son cloisement paradoxal au sein du freak show planétaire dont il fût l'architecte, l'ont pour ainsi condamné à ne jamais se remettre en question (jusqu'à ce que la justice s'en mêle...).
L'homme est intéressant, certes, mais il reste encore à comprendre pourquoi il fascine tant. Ici, une fois n'est pas coutume, j'invoque le père Sigmund. La meilleure chose que Freud ait jamais écrite, à mon avis, c'est son essai sur "l'inquiétant étrangeté". J'ai trouvé que le bonhomme se laissait très élégamment approcher par ce concept - il est vrai suffisamment vague pour qu'on puisse l'utiliser à tort et à travers -, et qu'il nous apprenait quelque chose sur notre regard vis-à-vis des "monstres. A ce titre, je cite également l'excellent livre de Pierre Ancet Phénoménologie des corps monstrueux (2006, PUF).
Voila en gros la teneur de l'article. Il est probable que de nombreuses révélations vont surgir dans les prochaines années, qui peut-être offriront de nouvelles perspectives. Mais le plus intéressant sera de suivre l'établissement d'un nouveau mythe moderne, avec son cortège d'accusations, de conspirations et d'exagérations. Ce n'est pas souvent qu'une occasion pareille se présente pour suivre à la trace ce genre de phénomènes. Quant à mon avis personnel sur Michael Jackson en tant qu'artiste, même si ça ne présente pas un grand intérêt, je peux le résumer en quelques mots: un bon groove. Oh, et il ya Thriller, bien sûr. C'est un grand artiste qui peut créer quelque chose d'absolument indémodable. Mais mon opinion compte peu, je préfère laisser la parole à une de mes idoles, le regretté George Carlin:



Sinon, comme d'habitude, il y a des choses bien plus intéressantes que mon article dans ce numéro de Cerveau et Psycho. Je recommande donc le toujours incisif Serge Tisseron qui propose quelques réflexions sur le film d'animation Coraline, un article sur les rapports de l'activité physique et la cognition au cours du vieillissement, Nicolas Guéguen à propos de Facebook (enfin quelque chose d'intelligent sur le sujet!), un article de Inge Seiffge-Krenke sur le fascinant sujet des amis imaginaires chez l'enfant, un dossier très complet sur les émotions, des articles plus philosophiques sur le libre-arbitre et les rapports entre neuroscience et justice (avec Gazzaniga en co-auteur!), le cas clinique de Patrick Verstichel (avec un Phinéas Gage moderne), et enfin un article très intéressant de Jean-Claude Dupont sur un de mes sujets préférés: la découverte de l'aire du langage par Paul Broca. Il y a encore assez d'autres pépites pour tenir votre cerveau éveillé pour ce qui reste de l'été. Oh, et dans le courrier des lecteurs je réponds à une question sur le syndrome d'hubris (un article qui semble avoir eu un impact considérable, puisque à peu près tous les ministres du président Sarkozy, ainsi que ce qui lui tient lieu d'opposition, semblent désormais contaminés).
Bonne lecture!

2 commentaires:

  1. Une lecture "psy" de la personnalité de Michael Jackson. On aime ou pas, mais c'est à voir.

    http://www.jackson-miroir.com

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  2. l'histoir du caisson a oxygene sur michael jackson sont que des rumeur puis de toute facon vous etes tousse jaloux de michael pck il est plus parfait que vous se mec et parfair

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