mercredi 24 juin 2009

Il est vivant!

Couverture et titre absolument délicieux pour le dernier numéro de Il est vivant! Je ne connaissais pas ce magazine, mais franchement ça donne envie... Au cas où on n'aurait pas compris de qui il s'agit (oui, c'est qui "il"? Je connais tout un tas de gens qui sont "vivants"), il y a un sous-titre: le mensuel de la nouvelle évangélisation.
Evidemment, les pitreries des culs-bénits n'ont pas grande importance pour moi, mais ça me fait toujours un peu frétiller quand il y a prétention évidente à engager un... dialogue entre la science et la religion! Ben oui, il faut pas que chacun reste dans son coin. C'est absolument nécessaire d'échanger les points de vues et de s'ouvrir à des perspectives différentes. La vérité, comme chacun sait, se trouve souvent exactement au centre des opinions divergentes. Oui, enfin, c'est en tout cas une approche qui favorise celui du dialogue qui a de toute évidence tort, qui dit n'importe quoi, qui ment, qui vit sur le dos de la crédulité des autres, qui survit en manipulant les esprits des plus jeunes génération après génération, etc. Mais laissons une chance à nos amis de Il est vivant!, même si d'un point de vue psychiatrique je trouve que l'utilisation frénétique du point d'exclamation, surtout dans un titre, n'engage pas vraiment à l'examen raisonné. Voyons donc ce que répond le curé de service quand on lui demand si, par hasard, la question des origines de l'homme ne poserait pas comme qui dirait un léger conflit entre les disciplines parfaitement équivalentes et aussi honorables l'une que l'autre que sont la science et la religion:
Denis Biju-Duval : "Comme le rappelait le concile Vatican II, chaque savoir a ses sources et ses méthodes propres qui doivent être respectées dans leur consistance. Un théologien ne saurait se mêler de dicter au chercheur scientifique ce qu’il “devrait” trouver, pas plus qu’un scientifique ne peut juger scientifiquement la validité d’un dogme de foi. Les sciences procèdent des observations expérimentales aux hypothèses explicatives, qu’elles valident ou qu’elles invalident en retournant sans cesse aux observations. Elles ont donc un caractère non dogmatique, progressif, à mesure que s’affinent les capacités d’observation et la puissance explicative des théories. Aussi, j’éviterais de dire que leur méthodologie est matérialiste, car dans la tradition philosophique, le “matérialisme” renvoie à une idéologie qui nie l’existence de la dimension spirituelle, ou qui la réduit à un phénomène matériel. Or une science ne dit rien de tel. Ce qui est non observable expérimentalement n’est pas objet de science : Dieu, en particulier, ou l’âme spirituelle de l’homme, ou le Christ présent dans l’eucharistie, ne peuvent être objets de science. Si un scientifique prétend en dire quelque chose, il ne le fait pas au nom de sa compétence scientifique, mais de ses options philosophiques ou religieuses personnelles. Nier l’existence de Dieu au nom de “la science”, ce n’est pas scientifique, c’est de l’idéologie. D’autant plus que plutôt que de “la science” il faut parler des sciences, chacune ayant son propre champ de recherche et ses méthodes de travail. Inversement nier la théorie de l’évolution au nom de la Bible, ce n’est pas de la religion, mais encore de l’idéologie ! Dieu n’a jamais eu pour but de nous révéler des théories astrophysiques ou biologiques : il a voulu nous dire qui Il est et qui nous sommes pour lui. Le fait qu’il nous ait créés capables d’expérimenter et de réfléchir signifie en quelque sorte qu’il a laissé les sciences de l’observable entre nos mains.
C'est du lourd, je m'en tiendrai donc simplement aux parties que j'ai mises en évidence. Dieu, l'âme spirituelle et le Christ ne sont pas observables, ils ne peuvent donc pas être objets de science. Chapeau l'artiste, parfaitement d'accord. Il faut juste ajouter les licornes, le marsupilami, les tigres violets invisibles et inodores, et le pouvoir de lévitation, toutes choses qui n'appartiennent pas non plus au magistère de la science, mais à celui de l'imaginaire. Deuxième point, le vénérable homme de Dieu nous explique que son ami imaginaire est inobservable et relève purement de la "foi", mais par contre il sait exactement ce qu'il a "voulu nous dire" et "qui nous sommes pour lui". Comment il le sait? Bah, je viens de le dire: c'est un homme de Dieu. Il sait ce genre de choses, c'est son job. Pour s'en convaincre, on prendra note du fait que ce monsieur extralucide est l'auteur d'un livre qui s'appelle Croire n’est pas si compliqué, aux Éditions de l’Emmanuel, 2003. Effectivement, ça ne semble pas trop compliqué.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire